Il faut à peine 10 mn de vélo pour rejoindre Saint-Lunaire depuis Dinard. Le bourg apparaît niché entre la pointe du Nick et celle du Decollé tout de suite avant de s’élancer dans la descente du Tertre qui précède son entrée. Une pente que l’on descend en roue libre, sourire aux lèvres, mais avec cette petite pointe d’amertume que l’on ne peut s’empêcher d’avoir au fur et à mesure que la pente se déroule sous nos roues, conscient qu’au retour la superbe descente deviendra une côte qu’il faudra gravir.
L’entrée de Saint-Lunaire depuis Dinard se fait par son point le Marais. C’est comme à Paris mais celui-ci est singulièrement plus petit et se résume à un petit parc et un bras de mer envasé (le Goulet) sur lequel sont échoués des bateaux qui sont si vieux qu’ils paraissent abandonnés. S’il pouvait parler, le Crèvelin, petit ruisseau qui longe le parc en provenance de la vallée de l’Amitié, nous demanderait de dire de lui qu’il est un fleuve puisqu’après tout lui aussi, il se jette dans la mer, Monsieur !
On entre ensuite dans le bourg, relativement récent parce que Saint-Lunaire est une ville de villégiature qui s’est beaucoup développée à partir des années 1830. On distingue d’ailleurs très facilement le vieux bourg et ses maisons de vieilles pierres à proximité de l’ancienne église, des villas estivales notamment présentes autour de la nouvelle église et sur la pointe du Décollé.
L’ancienne église vaut le détour (et à l’occasion, une affiche PANNA COTTA) Elle date du XI eme siècle et est simplement magnifique. La nouvelle église n’est pas très loin et domine les historiques terrains de tennis au centre du village. Ceux-ci datent aussi de la Belle Époque et ont su résister aux assauts des promoteurs. Ils sont une bouffée d’air sportive, témoins remarquables de l’histoire de Saint-Lunaire. La Vierge Marie, depuis le haut du clocher de la Nouvelle Église, arbitre tous les matchs sans exception depuis plus d’un siècle. C’est justement cette image amusante de cet arbitrage divin qui m’a motivé à créer la première affiche de Saint-Lunaire « Smasher à Saint-Lunaire »
C’est aussi autour de cette église que prend place le marché dominical. C’est un des plus beaux marchés de la région. Les exposants montent leurs étals autour de l’église et c’est une ambiance colorée presque provençale qui envahit les lieux. J’aime y vendre mes affiches pour cette ambiance mais aussi pour le plaisir d’y voir Monsieur Henri, le placier en chef. Monsieur Henri est une personne aussi singulière qu’attachante, dotée d’un fort caractère à la hauteur de ce que nécessite sa fonction. Il a certainement l’âge de prendre sa retraite depuis longtemps, mais les candidats au poste ayant cette capacité à se faire respecter comme lui ne sont pas légion.
En longeant les tennis on arrive tout de suite à l’extrémité Est de la Grande Plage. Le spectacle est là aussi magnifique: sur la droite se trouve le club de voile. Il est connu pour son dynamisme et visible de loin avec tous les mâts des innombrables dériveurs et hobby cat qui pointent vers le ciel. La pointe à l’autre extrémité est la pointe du Decollé et on aperçoit en contre bas la cale du port. Et, trônant majestueusement au dessus de la plage, on ne peut pas passer à côté de l’ancien Grand Hotel. Construit en 1884, il est aujourd’hui transformé en un ensemble d’appartements résidentiels mais il proposait à son ouverture un casino et à plus de 120 chambres équipées du confort le plus moderne. C’est est un magnifique bâtiment, dont j’ai pu admirer les moindres détails en le dessinant sur la seconde affiche de Saint-Lunaire. En cherchant d’anciennes photos j’ai ainsi pu remarquer que l’extension côté plage sous l’ancienne salle du restaurant était à l’origine construite sur pilotis, et que l’espace situé dessous avait ensuite été comblé pour augmenter sa surface habitable. Les observateurs les plus aguerris verront mes petits arrangements apportés à la réalité pour l’esthétisme général de ma création : j’ai positionné les cabanes sur la plage, alors qu’elles sont en réalité plus haut sur la digue de la plage, et j’en ai ajouté à gauche de l’escalier. Les palmiers sont aussi un peu plus nombreux que dans la réalité.
Une petite paillote en bois très bien tenue était construite tous les étés sur la plage sous le Grand Hôtel. Elle a été remplacée par deux containers paysagers en 2023. C’est à l’occasion d’un passage sur cette terrasse fin juillet 2023 et au profit d’un important coefficient de marée que je suis allé chercher l’inspiration vers la cale dans le bas de la plage. Je n’avais réalisé alors que deux affiches de Saint-Lunaire, celle du tennis et celle du Grand Hôtel et je voulais faire une affiche de la pointe du Decollé. Je remarquais un alignement atypique de pieux en bois en m’approchant de la cale. Je le connaissais déjà pour le danger qu’ils peuvent représenter quand on navigue à proximité, mais je n’avais jamais saisi leur utilité. Ces pieux sont en fait des amarres des bateaux « annexes » des usagers du port. Je découvrais au fur et à mesure que j’avançais vers la cale un paysage jonché d’annexes colorés au milieu de cordes fixées d’un côté aux hauteurs du rivage et de l’autre à l’extrémité de ces pieux. Le système est un va et vient qui permet de rapprocher l’annexe pour y embarquer. Mon attention fut alors détournée de mon objectif premier. J’arpentais la Pointe du Decollé et je pris quelques photos pour de futures affiches, mais je repérais surtout les points de vue que je pourrais agencer entre eux pour représenter au mieux la singularité du système de va et vient des annexes du port de Saint-Lunaire. Le résultat, c’est cette affiche de la plage de Saint-Lunaire vue depuis la cale. Volontairement j’ai conservé la police d’écriture et la couleur du ciel de la première affiche de Saint-Lunaire, pour créer un ensemble cohérent.
Les cabines en bois de la plage de Saint-Lunaire sont aussi emblématiques du lieu. Reconnaissables avec leurs lignes rouges, j’esquissais une affiche assez simple avec ces cabines comme seul sujet, en choisissant notamment deux cabines au hasard portant les numéros 24 et 25. La petite histoire amusante est que quelques semaines plus tard, je rencontrais sur le marché de Saint-Lunaire le propriétaire de la première. Celui-ci connaissant très bien le propriétaire de la seconde, je le rencontrais aussi la semaine suivante. Tous deux étaient ravis de posséder une affiche de leurs cabines de plage.
Saint-Lunaire, c’est aussi le spot des fans de sport de glisse de la Côte d’Émeraude. Deux clubs proposent stages et cours sur la plage de Longchamp. Cette plage, sans doute du fait de son exposition et de sa configuration est la plus « sportive » de la région. Trié par le vent, le sable fin est repoussé dans les dunes derrière la plage laissant sur la plage le sable plus gros qui la compose. Plus de vent, plus de vagues, c’est le paradis des surfeurs et des kite surfeurs. Une longue digue la longe et la sépare de ces dunes qui se remettent doucement des coups de pelleteuses d’une tentative d’urbanisation du début des années 90. Les surfeurs de la plage de Longchamp sont aussi un sujet très intéressant et c’est donc tout naturellement qu’ils deviennent le sujet de la 5eme affiche PANNA COTTA de Saint-Lunaire.
