Son nom a changé, il a évolué et s’est rallongé, mais pour beaucoup le «Dinard British & Irish Film Festival » est simplement le Festival du Film Britannique. Un évènement important dans la vie culturelle de la Ville qui la dynamise à l’arrivée de l’automne et participe grandement à son rayonnement en France comme à l’étranger.

Avant de connaître le nom des films ou celui du Président du Jury, c’est l’affiche qui est le premier contact avec le Festival. La présentation de l’affiche est toujours sujette à beaucoup de débats. Il y a ceux qui sont emballés, et les détracteurs. C’est toujours ainsi, quel que soit le sujet et c’est encore plus vrai pour une affiche pour laquelle l’appréciation est très subjective. Elles sont aujourd’hui dessinées par des graphistes ou des agences de publicité, missionnées pour les réaliser et on peut saluer leur créativité et la qualité de leurs réalisations.

Celle de l’édition 2024 est comme celles des années passées, moderne et très réussie.

L'affiche 2024 a été créé par François Vesvard, un graphiste Nantais

Pendant plusieurs années l’affiche faisait l’objet d’un concours ouvert à tous. Les artistes régionaux présentaient une création et un jury composé de membres de l’organisation du festival et de la Ville se réunissait pour déterminer l’œuvre qui deviendrait ensuite l’affiche officielle du Festival. En plus des 1500€ de récompense en échange des droits d’utilisation de la création, le concours apportait une importante visibilité ainsi que beaucoup de fierté à l’heureux vainqueur.

J’avoue d’ailleurs être assez fier de pouvoir dire que je suis, avec Mariano Ottero, un des seuls artistes à avoir remporté ce concours à deux reprises. C’était en 2000 et en 2001.

Je me souviens avoir passé beaucoup plus de temps à réfléchir à ce que je voulais faire qu’à le faire. Il fallait symboliser Dinard, le cinéma et la Grande Bretagne, et si possible pas seulement avec une caméra plantée dans le sable devant une tente de plage coiffée de l’Union Jack. Plusieurs affiches créées auparavant avaient fait preuve de beaucoup plus de créativité mais la plus belle à mes yeux est celle de 1998. 

L'affiche très réussie de 1998

Elle représente un bus anglais détourné sous la forme d’une caméra posée sur la plage. Je considère qu’une affiche est réussie si le message est sous-entendu et si la qualité de la création incite à vouloir la conserver et à l’exposer comme un véritable objet de décoration murale. Celle de 1998 réunit ces conditions : Elle est réalisée avec une technique picturale traditionnelle, et l’idée du bus sous forme de caméra est très efficace. En la revoyant je réalise qu’elle m’a beaucoup inspiré pour dessiner celle de l’édition de l’an 2000. Je n’ai pas détourné un bus, mais j’ai détourné une caméra qui devient une moto chevauchée par un Irish Guard évoluant sur la plage de l’écluse. C’est une aquarelle que je propose au concours et qui deviendra l’affiche du Festival de l’an 2000.

L’année suivante je proposais une affiche sachant que je devais avoir peu de chance de convaincre le jury. Une règle, ou du moins une volonté de diversité, imposait qu’un même artiste ne puisse gagner le concours à deux reprises consécutives. J’ignorais cette règle mais pour faciliter la mise en page finale au cas où mon projet serait choisi, je n’avais volontairement pas encombré le visuel de ma signature. Le jury choisissait alors ma proposition parmi les œuvres, sans savoir que l’artiste était le même que l’année précédente. L’information leur fut donnée quelques minutes après leur délibération, mais séduits, ils décidèrent de conserver ce premier choix. C’est ainsi que j’eu la chance d’être aussi l’auteur de cette seconde affiche réalisée à l’acrylique et qui représente Alfred Hitchcock derrière une toile de tente de plage dinardaise.

Plus de vingt ans plus tard, avoir dessiné ces deux affiches est une véritable satisfaction. Alors pour le plaisir, je me suis demandé ce que je proposerais si l’on me demandait de réaliser une affiche aujourd’hui ? Je pense que j’aurais misé sur le chiffre rond de l’édition : la 35ème. Un clap donné par Hitchcock lui-même, dans un costume rayé blanc et bleu, et sur un fond de drapeau anglais. Une peinture digitale, mais un traitement traditionnel, en essayant de faire une affiche que l’on a envie de conserver, d’encadrer et d’exposer.

Et vous, quelle est votre affiche préférée ? J’aimerais beaucoup le savoir. Laissez votre avis ci-dessous en commentaire.